Le Piano Forte
C’est de l’évolution de deux instruments, le clavicorde et le tympanon, que naquit le piano forte.
Son créateur, Bartolomeo Cristofori, facteur de clavicordes et de clavecins avait en main toute la connaissance technique (au niveau de la conception de table d’harmonie, de chevalet ou du clavier), pour concevoir un nouvel instrument où les marteaux devraient, après avoir frappé la corde, revenir à leur position initiales, sans rebond, et le plus rapidement possible. Il en aura ainsi construit une vingtaine dans les années 1698.
Bien qu’il s’inspire du clavecin, le piano relève en effet d’une tout autre technologie. Dans un clavecin, les cordes sont pincées à l’aide de sautereaux, dits aussi « becs de plume » : ce procédé ne permet à l’exécutant aucune nuance dans l’intensité ou le modelé du son. Sur le piano, au contraire, les marteaux actionnés à partir du clavier donnent des variations du ton qui vont de la nuance « piano » jusqu’au « forte ».
L’idée de Bartolomeo Cristofori était géniale, mais il fallut attendre jusqu’en 1822 pour que la théorie aboutisse à des applications pratiques.
Ainsi conçu le piano forte restait moins sonore que les clavicordes ou les clavecins. Il faudra deux siècles pour que le concept de l’instrument à cordes frappées évolue et permette ainsi des nuances plus marquées, une sonorité plus puissante et une plus grande longueur de son.
Ce nouvel instrument restera quelque temps méconnu. le fabricant Gottfried Silbermann (facteur d’orgues) reproduisit l’instrument de Cristofori en y rajoutant la pédale forte, qui permettait de relever l’ensemble des étouffoirs des cordes. Cette amélioration sera acquise pour tous les pianos jusqu’à ce jour.
C’est en 1730 que Silbermann montra à Bach l’un de ses pianos forte; ce dernier ne fut pas conquis par l’instrument, lui reprochant de manquer de puissance dans les aigus. C’est en 1747 qu’il approuvera une version plus perfectionnée.
A la fin du XVIIIe grâce à l’école viennoise, avec Hohann Andreas Stein et sa fille Nannette Stein, ainsi qu’Anton Walter le piano forte connut son essor. Fabriqué sans cadre, avec un barrage en bois, deux cordes par note, et des marteaux en cuir.
Les concertos et sonates de Mozart sont écrits pour ce type d’instrument, au son plus doux, plus clair que les pianos modernes.
Il faut attendre 1780 pour que le piano devienne vraiment convaincant avec Haydn et Mozart.
La période de 1790 à 1890 va permettre au piano forte de subir de très nombreuses améliorations, qui l’amèneront à sa forme actuelle, répondant ainsi à une demande de plus en plus exigeante des pianistes et des compositeurs sur sa puissance sonore et ses possibilités d’expression. Ceci devient possible grâce à l’évolution industrielle qui lui apporte des cordes en acier de bien meilleure qualité, ainsi qu’un cadre en fonte.
L’évolution de l’instrument demande de plus en plus d’effort au pianiste pour tirer le meilleur de cette mécanique, le clavier lui- même passant de 5 octaves à 7 1/3 sur les pianos modernes.
Au fil des années, les instruments produits par la firme anglaise Broadwood devinrent plus grands, plus puissants, et robustes. Elle en envoya à Haydn et Beethoven.
Beethoven est mort depuis trois ans quand Heinrick Engelhard Steinweg construit en 1830 son premier piano forte.
Dès 1870 Théodor Steinway, fils du fondateur, avait songé à profiter des expériences sur les vibrations menées par un physicien Berlinois, Hermann Helmholtz. Il en tira de savantes déductions sur la longueur des cordes et la place du point d’impact de chaque marteau. Il comprit mieux pourquoi les cordes devaient être mises en éventail pour obtenir une résonance optimale des vibrations.
Le Piano Moderne
Les firmes Erard (1780 – 1959) et Pleyel (Paris – 1807), développèrent l’instrument au cours des années 1820. Chopin et Liszt, utilisaient leurs pianos. La firme Erard apporta beaucoup d’innovation à la mécanique du piano, déposant des centaines de brevet. Quand à Ignace Pleyel, et son fils Camille Pleyel, ils développèrent de manière importante la sonorité. Ils furent les premiers à croiser les cordes et à faire un cadre métallique d’une seule pièce, afin de donner plus de longueur de corde et par là même plus de puissance à l’instrument.
C’est à cette même période que Pleyel fit construire à Paris la célèbre salle de concert Pleyel. Il implanta la première usine électrifiée annonçant la production moderne.
Erard de son côté inventa le système à répétition permettant de rejouer une note avant même qu’elle soit revenue à sa place initiale. Fonction améliorée par Henri Herz vers 1840 ; ce mécanisme devint le standard des pianos à queue.
Vinrent ensuite de nombreuses innovations : trois cordes pour toutes les notes sauf les basses; un cadre métallique au dessus de la table d’harmonie, permettant de supporter l’augmentation de la tension des cordes (1825 à Boston par Alpheu Babcock) ; le croisement des cordes et donc deux chevalets séparés, permettant une plus grande longueur de cordes ; les marteaux recouverts de feutre (1826 par Jean- Henri Pape) et toujours d’actualité ; la pédale tonale (1844 par Jean Luis Boisselot et améliorée par Steinway en 1874).
C’est aux alentours du début du XXe siècle que le piano de concert moderne atteignit sa forme actuelle.
Dates importantes dans l’évolution du piano
1700 | Bartoloméo Cristofori conçoit en Italie le premier piano connu 1735. Fabrication du premier piano à queue. |
1742 | Fabrication du premier piano carré. |
1745 | Christian Friederici construit le premier piano pyramidal qui comprend un cordage oblique. |
1762 | Johannes Zumpe construit son premier piano carré en Allemagne. |
1771 | Broadwood construit son premier pianoforté en Angleterre. |
1780 | Les premières apparitions du piano sur les scènes musicales avec Haydn et Mozart. |
1783 | Broadwood produit un piano carré perfectionné avec une mécanique à lame et une pédale de sustento. |
1808 | Sébastien Erard invente l’agrafe sur le cadre pour empêcher les cordes de bouger lors de la frappe. |
1810 | Sébastien Erard invente le pédalier du piano à queue toujours présent sur les pianos modernes. |
1822 | Sébastien Erard invente le double échappement qui permet la répétition rapide des notes. |
1825 | Babcock dépose le brevet d’un cadre en fonte coulé d’un seule pièce et réalise le premier piano carré avec un cadre métallique à cordes croisées en 1828. |
1826 | Henri Pape en France invente le marteau garni de feutre. |
1833 | Pierre Erard modernise le double- échappement inventé par Sébastien Erard et dépose son brevet. Ce système équipera bientôt tous les pianos au monde. |
1843 | Chickering fait breveter le cadre métallique d’une seule pièce pour pianos à queue. |
1855 | Steinway introduit le 1er piano carré à cordes croisées. |
1889 | Fin de la production des pianos carrés. |
Célèbres Facteurs de piano
- Baldwin, Etats-Unis
- Barratt & Robinson (1877) Londres, Grande-Bretagne
- Bechstein (1853)
- Blüthner (1853) Leipzig, Allemagne
- Bösendorfer (1828)
- Broadwood (1728) Londres, Grande-Bretagne
- Burger & Jacobi (1872) Bienne, Suisse
- Elke Paris, France
- Erard (1777) pianos-forte
- Fazioli (1978)
- Feurich (1851)
- Gaveau (1847)
- Grotrian-Steinweg (1855)
- Hoffman Frederick
- Ibach (1794)
- Kawai (1930)
- Klein (1791)
- Petrof (1864)
- Pleyel (1807)
- Rameau, France
- Rippen Ede, Pays-Bas
- Samick (1958) Inchon, Corée
- Sauter (1819)
- Schimmel (1885), Allemagne
- Seiler (1849)
- Steinway & Sons (1853)
- Thürmer (1834)
- Wilh. Steinberg (1877) Eisenberg, Allemagne
- Yamaha (1889)
- Young Chang (1956)