L’Accord du Piano

Il est nécessaire d’accorder un piano une fois par an minimum.

La qualité d’un accord réside dans la justesse, mais aussi dans le savoir faire de l’accordeur pour le calage des chevilles et l’équilibrage des tensions des cordes (220 à 250), qui sont déterminants pour la tenue de l’accord ; d’où l’importance d’une intervention faite par un professionnel.

Son passage régulier lui permet de suivre votre piano dans son évolution et ainsi, effectuer certains réglages pour le maintenir au meilleur niveau. C’est une sécurité pour vous et votre piano.

Coin d'accord, Yannick Le Guyader Coin accordeur, Yannick Le Guyader

L’ACCORD D’UN PIANO

Pour accorder un piano, on utilise une clef d’accord, clef munie d’un embout carré ou rectangulaire sur les pianos antiques ou étoilé à 8 branches, d’une taille correspondant à celle des têtes des chevilles, un assortiment de diapasons, une bande de feutre et/ou un assortiment de coins destinés à étouffer certaines cordes.

Le maniement de la clef est délicat : il ne s’agit pas de tourner simplement la clef, car les différentes pentes de la corde migrent avec un certain retard, et doivent être équilibrées entre elles, tout comme les différentes cordes des graves aux aigus.

La technique nécessite un geste particulier pour obtenir d’emblée le blocage parfait de la cheville exactement dans la bonne position.

Accordeur de piano, Yannick Le GuyaderChevilles accord piano à queue

Un piano s’accorde une fois par an dans un appartement moderne, avant chaque concert et répétition dans le milieu musical.

L’accord s’effectue suivant une certaine hauteur de diapason. L’Europe a connu tout au long de son Histoire une grande variété de diapasons, parfois très éloignés les uns des autres. A une certaine époque, on a pu nommer le diapason 435 Hz le la des physiciens (435 Hz), aujourd’hui on utilise différents la des musiciens (440 à 444 Hz).

Clé d'accord pour piano et diapason

 

Tempérament égal

La généralisation progressive du tempérament égal est relativement récente (deux siècles et demi) et accompagne la disparition des notes inégales dans la musique à l’époque de la révolution française.

La notion de consonance, et de jeux de consonances dans le tempérament inégal aux intervalles naturels, a perdu à cette époque son importance, au profit d’un langage musical alors en plein développement, et qui recherchait le maximum d’ouvertures et de libertés dans l’expression. Les intervalles tempérés, toujours similaires, et donc facilement mémorisables, permettaient des intervalles interchangeables et renversables à volonté.

L’adoption générale du tempérament égal s’explique également par une évolution esthétique de l’art en général. À la brillance des couleurs baroques correspond le clavecin, au son cristallin, accordé en tempérament inégal, avec des intervalles assez purs. À la douceur mélancolique de la période romantique correspond le piano, à la sonorité moins définie, plus douce et enveloppée, qui ouvre la porte aux intervalles plus approximatifs mais réguliers du tempérament égal.

Clé d'accord, accordeur, Yannick Le Guyader

 

Technique de l’accord

La gamme tempérée permet les modulations à l’infini. C’est d’ailleurs la raison de son adoption générale. Elle uniformise les demi- tons, diatoniques ou chromatiques (cette propriété ne transparaît pas dans la notation musicale.

A part les octaves, tous les intervalles sont (légèrement) faux.

  • les quintes sont relativement justes, issues de la quinte pure diminuée d’un douzième de comma pythagoricien, valeur faible.
  • les quartes sont légèrement trop grande (même raison).
  • les tierces sont plus agréables, plus mélodieuses que les tierces pythagoriciennes, beaucoup trop grandes, qui sont réduites d’un tiers de comma pythagoricien, donc d’une fraction un peu supérieure du comma syntonique. Elles sont néanmoins encore éloignées de la pureté.
  • la même remarque vaut pour les sixtes, trop petites.
  • les secondes (ou tons) s’éloignent d’un sixième de comma de la valeur juste : elles perdent également en pureté, trop petites.
  • les septièmes sont trop grandes d’un sixième de comma, en conséquence.
  • Les octaves ont plus de souplesse et sont généralement tirées vers le haut dans les aigus, et tirées vers le bas dans les basses.

Si nous en restons à une division mathématique de l’octave, nous aurons une justesse absolue des quintes et des quartes, et on ne pourra pas jouer dans d’autre tonalité.

Diapason d'accord piano

Le tempérament égal impose que toutes les quintes, les quartes, les tierces et les sixtes soient égales entre elles mais légèrement fausses mathématiquement et toute la difficulté de l’accordeur consiste à évaluer cette légère fausseté que l’oreille ne perçoit pas naturellement pour que l’accord au final résonne harmonieusement, agréablement et soit juste pour l’oreille.

Ces inconvénients, bien réels, n’ont pu empêcher les musiciens de s’y rallier, car les avantages en termes de composition et d’expression l’ont emporté, et il résulte du tempérament égal la possibilité de jouer n’importe quel morceau de musique dans n’importe quelle gamme (transposer dans toutes les tonalités).

Ombre sur un diapason d'accord piano

La gamme tempérée est difficile à accorder : pour réaliser le tempérament égal, il faut établir de légères fluctuations toutes égales à l’intérieur d’une octave, ce qui s’apprécie par la faculté d’évaluer le rythme des « battements ». Savoir percevoir ces différences de fréquences des vibrations demande un long et fréquent entraînement.

Ce travail nécessite de la part du technicien une grande capacité d’écoute, une sensibilité musicale, et une infinie patience, ténacité et persévérance. Savoir accorder est un art que savent apprécier et respecter ceux qui ont compris sa complexité et son exigence.